Histoires de pêche
Vers la fin du 19e et le début du 20e siècle, les clubs privés ont la cote en Mauricie. La majorité des amateurs de pêche sportive sont des hommes, riches pour la plupart, prêts à débourser gros pour accéder à des territoires de pêche encore sauvages. Parfois jusqu’à 300 $ par année pour un membership quand le salaire moyen à cette époque n’est que de 298 $.
Les voyages se planifient à l’avance et les conditions sont souvent très difficiles. Le bateau à vapeur et le canot, incluant de nombreux portages à effectuer, sont souvent les seuls moyens de transport permettant d’accéder au territoire. Préférant ne pas trop « se mouiller », les pêcheurs ont recours à des guides privés qui transportent pour eux tout le matériel : nourriture, équipement, bagages. Pour se rendre à bon port, l’expédition s’échelonne souvent sur plusieurs jours.
Sans électricité ni propane, les camps de pêche sont à cette époque d’une rusticité aujourd’hui improbable. Il n’y a bien sûr ni réfrigérateur ni congélateur à disposition. Pour conserver les aliments, on fait preuve d’ingéniosité en creusant un caveau naturel dans lequel on dépose de la glace. Encore aujourd’hui, quelques pourvoiries sont dotées de telles glacières artisanales.
À l’époque, les aliments étaient conservés selon trois méthodes distinctes : le séchage, le fumage et la salaison. Combien de pêcheurs résisteraient de nos jours à de telles conditions? Voilà la preuve qu’on avait affaire à des pêcheurs totalement passionnés qui ne reculaient devant rien pour satisfaire leur passion. On imagine bien l’originalité des histoires de pêche à raconter au retour.